Smart-agriculture, e-agriculture ou agriculture 2.0 …WTF?

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le-chat

Dis moi comment tu parles, je te dirai qui tu es…

Tous ceux qui sillonnent les champs et les étables de nos riantes campagnes, n’ont plus que des mots 2.0 à la bouche et un smartphone vissé sur les oreilles si ce n’est carrément pas des lunettes connectées sur le pif. On n’entend plus parler que de Big data agricole (alors que peu de gens savent vraiment ce que cette notion de big data recouvre). Il y a au minimum deux tablettes tactiles embarquées dans chaque tracteur. Tracteur qui est lui même auto-guidé par GPS. Les objets connectés s’annoncent comme la future vague numérique qui va déferler après le déluge des data qui nous seront tombées sur le râble, qu’elles soient Big, Open, Fast ou même Smart…

D’accord mais tout ça, est l’objet de notre étude dans ce blog me direz vous. Oui, et c’est tant mieux.

Mais ce qui me frappe, c’est la diversité des manières de parler de cette révolution numérique qui touche l’agriculture (comme elle touche d’ailleurs tous les secteurs).

De conférences, en communiqués de presse, on retrouve pêle-mêle des « buzz-words », dont personne ne comprend vraiment le sens mais dont tous nous abusons pour nous faire un peu mousser (je m’auto flagelle, en me mettant dans le même sac).

vieuxcons… et je devinerai ton âge…

Si je m’amuse à commenter de manière totalement subjective, je dirais que :

l’e-agriculture est plutôt utilisée par la génération des quinqua… J’imagine qu’il s’agit là de la contraction de electronic agriculture, comme le fut l’e-mail ou l’e-book. C’était en vogue dans les années 90 mais est-ce vraiment à la page d’utiliser encore cela ?

l’agriculture 2.0 est peut-être davantage dans son temps, disons que c’est ok pour les quadra. Pour rappel le web 2.0, c’est le début des années 2000. Depuis on en mange à toutes les sauces. A partir du moment où on veut être disruptif, on va nous bourrer le mou avec du 2.0. pour bien nous faire comprendre que si on ne suit pas la tendance en mettant à jour notre logiciel, on va être totalement dépassé, has-been, tellement 1.0 quoi.

la smart-agriculture maintenant. Ah ben voilà que c’est de la bonne grosse nouveauté bien à la page ça. Up to date quoi. Disons que ça c’est plutôt pour les trentenaires. Là encore ça nous vient probablement d’une extension d’un mot désignant, de façon très marketée, une avancée technologique que l’on va décliner à l’infini. Le génie des marques qui nous font croire que maintenant le dernier truc indispensable, c’est d’avoir des objets intelligents. Et oui, rien que ça. Ce bon vieux Nokia 3210, tellement 1.0 avec sa micro-puce électronique à 2 balles était tellement con après tout. Trop con par exemple pour tomber en rade au bout de 2 ans. Cette antiquité suédoise était pratiquement incassable ce qui en faisait le produit le plus con du nouveau millénaire. Il a heureusement été vite ringardisé par l’arrivée des smart-phones. Puis arrivent maintenant les smart-cities, les smart-watchs, les smart-box… Les smarties étaient finalement tellement en avance sur leur temps…

Enfin pour les jeunes de 20 ans et moins, c’est quoi le mot juste. Tous ces trucs e, smart, 2.0, c’est un peu pour les bolos non ? WTF qu’ils écriraient. La swag-agriculture, c’est plus chanmé non ? Le jeune est sûrement plus saucé par la dar-agriculture. Ça c’est du blase oufissime.

Toi qui ne parle pas le jeune, et qui ne veut pas devenir un vieux con, je t’invite à aller t’affranchir ici. Ça peut pas faire de mal…

Blackout Day

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Aujourd’hui même, 18 javier 2012, se déroule une vaste opération mondiale sur Internet. Le Blackout Day. Plusieurs sites majeurs se sont donnés rendez-vous pour signifier au congrès Américain leur refus de voir adopter les nouvelles lois liberticides de régulation de l’Internet SOPA et PIPA.

C’est le cas de Wikipedia ou de twitter, facebook et google pour les plus gros. De nombreux sites d’information Français les ont rejoins pour informer le public français des conséquences que de telles lois pourraient avoir au niveau mondial si elles étaient finalement adoptées. Le site Korben n’est plus accessible et a mis en ligne une simple page noire présentant un texte d’explication que je vous recommande.

Ce site a été censuré jusqu’à ce soir par solidarité avec nos amis américains qui aujourd’hui ont lancé un mouvement de blackout mondial sur le net dont le but est de marquer les consciences, expliquer aux internautes ce qui les attends dans les mois à venir et surtout protester contre ces lois liberticides.

En gros ces lois, permettraient tout simplement de bloquer l’accès des internautes à un grand nombre de sites. Sous couvert de la protection des droits d’auteurs et présentées comme étant un rempart contre les sites permettant le téléchargement illégal tels que The Pirate Bay, ces lois sont ni plus ni moins qu’une forme de censure redoutable. Des sites de partage de contenus en ligne aussi énormes que Youtube  ou Wikipedia par exemple pourraient du jour au lendemain être bloqués pour la simple raison qu’ils peuvent contenir un lien vers un site proscrit ou qu’ils peuvent héberger du contenu sous droits d’auteurs (une chanson en fond sonore d’une vidéo de votre bébé par exemple). Le modèle de l’Internet Chinois, censuré, serait la règle pour le monde entier. Y aurait il eu un printemps arabe avec de telles lois ? Quel frein pour l’innovation et le partage!

Pour aller plus loin dans la compréhension des impacts que pourrait avoir la SOPA et la PIPA, la lecture d’une lettre commune de Joi Ito, directeur du Media Lab du MIT et Ethan Zuckerman, cofondateur de Global Voices et chercheur au Berkman Center for Internet and Society à l’université d’Harvard a été traduite et mise en ligne sur le site InternetActu. Une vidéo en anglais très pédagogique est également disponible sur Vimeo.

Vous pouvez enfin en tant qu’Internaute apporter votre soutien à la cause, par exemple en modifiant votre profil sur les réseaux sociaux (twitter, facebook, google+) en vous référençant sur le site activiste BlackoutSOPA.org. Votre avatar sera serti automatiquementd’une bannière noire STOP SOPA et vous serez également comptabilisé comme pétitionnaire. Vous pouvez aussi relayer l’information sur le web ou auprès de vos réseaux.

Résistance.

Eric Orsenna parle d’agriculture

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Une belle intervention d’Eric Orsenna sur l’agriculture aux Ernest de l’ENS. Elle fait écho aux déclarations récentes de la FAO qui souligne que si dans le monde près de 1 milliard d’êtres humains souffrent de la faim, plus de la moitié sont des agriculteurs !

A noter que ces vidéos sont également disponibles gratuitement sur l’AppleStore et peuvent être podcastées.

Si vous ne parvenez pas à voir la vidéo, cliquez ici.

La culture du riz c’est aussi de l’art

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Le rice paddy art

Au Japon, dans le village de Inakadate, depuis bientôt 20 ans, une curieuse manie prend les riziculteurs. Ils se mettent chaque année à « peindre » dans leurs rizières des personnages ou des scènes géantes sans utiliser le moindre pinceau ou pot de peinture. Ils ont selectionné des variétés de couleurs différentes (6 au total allant du vert en passant par le jaune jusqu’au pourpre) qu’ils utilisent comme du fil sur un canevas conçu par un programme informatique pour respecter les perspectives. L’article du Times précise l’origine de cette idée née en 1993 pour attirer les touristes. Opération réussie puisque l’année dernière 170 000 touristes se sont pressés vers ce petit village quasiment inconnu il y a vingt ans pour observer les grandes oeuvres végétales depuis des plateformes surelevées dédiées à la contemplation.

Vous pouvez découvrir un petit florilège ici.

Tous fermier 2.0 !

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Farmvile par anshu_s

Du nouveau sur l’application FARMVILLE . Ce jeu très populaire lié à facebook consiste à  labourer des parcelles, planter des cultures et installer des animaux dans une ferme virtuelle. Les joueurs disposent pour cela d’un fond de départ qu’ils doivent faire fructifier (ainsi que leur expérience) en plantant et récoltant des cultures plus ou moins rentables ou en élevant des animaux. Peu de surprises, ni de contraintes liées au climat ou à la conjoncture ici (par rapport à la vraie vie), il semblerait que les prix soient fixes (achat des semences et revente). L’important dans FARMVILLE est d’être très proche de sa « ferme », c’est à dire revenir récolter, vendre ou acheter très régulièrement pour ne pas tout perdre. Les profits sont exprimés en crédits horaires car les temps de production sont extrêmement courts. Il suffit de 72 heures, par exemple, pour un cycle complet de blé, 16h pour l’asperge… Certains fans ont été jusqu’à publier des tableaux de rentabilité par type de production. Je note que le blé est la culture la moins rentable et les vaches qui occupent trop d’espace sont également les moins rentables des animaux… 

 Le jeu existe depuis juin 2009, et il semblerait que ce soit le plus populaire du réseau facebook avec plus de 80 millions d’utilisateurs soit une population agricole très largement supérieure à l’ensemble de la population française! On rappellera que facebook annonce avoir atteint le demi milliard d’utilisateurs ! Le potentiel de croissance est donc énorme, notamment si on inclut tous les autres clones de ce jeu. 

 J’ai testé très rapidement le jeu lors de sa sortie, mais je me suis vite désabonné tant les messages d’alertes que l’application vous envoie sans cesse de votre ferme (ou de celles de vos amis) sont intrusifs et pénibles. Mais il faut reconnaître que l’application est bien faite et elle est extrêmement addictive ! Une enquête récente a d’ailleurs montré qu’aux Etats-Unis, les jeux et les réseaux sociaux ont pris la tête du classement du temps passé sur Internet soit 1/3 du temps passé ! Le panel d’enquêtés et la méthodologie de l’enquête sont discutables mais il est intéressant de noter cette progression au cours du temps. 

 Une des innovations très récentes est que l’application est désormais disponible sur l’iphone. Je viens de l’installer (elle est gratuite) et je dois dire qu’elle est très bien faite et très fluide. Je crois que je vais la tester quelques jours à partir de mon mobile pour vous en dire plus une autre fois. Mais je note déjà que nous venons de passer une nouvelle étape dans le phénomène de l’addiction. En vous suivant jusque dans votre poche (il est possible de recevoir des messages d’alerte sur son portable pour récolter à temps ses aubergines…), le jeu ne vous quitte désormais plus un instant. 

 La poule aux oeufs d’or 

 Un article du Monde, détaille la stratégie commerciale de la société qui distribue le jeu « gratuitement » sur facebook : Zynga. Les biens virtuels sont une source de revenue très importante pour des sociétés pionnières (et non PIONEER) de ce type. Avec la publicité, car désormais certaines semences sont sponsorisées par de vraies compagnies, nous avons une première source de revenue pour l’éditeur. Mais plus innovant et pernicieux, pour les joueurs les plus dépendants, il est possible d’acheter avec de l’argent non virtuel des biens ou des installations virtuelles … Facebook a vu le danger venir et commence à mettre des bâtons dans les roues de ces sociétés non pas pour éviter les dérives mais pour maîtriser de manière hégémonique les flux de monnaies virtuelles. La première plateforme de réseau social vient d’ailleurs récemment de lancer ses tout nouveaux crédits facebook

 En conclusion, cette application, qui au départ peut donner une image bien sympathique de l’agriculture, peut l’être beaucoup moins. Espérons que l’addiction à ce jeu  ne conduisent pas à ruiner l’image de l’agriculture et par la même occasion les économies des joueurs.

Des vacances qui nous bottent

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Bienvenue la ferme

D’après un article publié ce jour dans AGRAPRESS, le tourisme à la ferme se porte bien. En France, le tourisme rural représente 36% des recetes globales du tourisme (20 milliards d’euros). La fréquentation en gîte et chambre d’hôtes a progressé malgrès la crise et un recul de la fréquentation des hôtels. Dans le pays, 16 500 exploitations pratiquent une activité touristique. L’agritourisme peut représenter une source de revenu complémentaire non négligeable pour les exploitants et surtout rapprocher citadins et paysans ce qui est une bonne chose.

J’ai découvert à la lecture de l’article le site Bienvenue à la ferme, qui référence près de 6000 exploitations sur tout le territoire. Le site est très bien fait, il est clair et utile. La recherche des fermes peut se faire géographiquement… Et devinez quoi, c’est encore une utilisation de l’API GOOGLE (voir mon précédent billet). On peut aussi rechercher une ferme par type de prestation (gastronomie, service, activités, type d’hébergement,…). Le site est très social, il présente même un compte facebook et la possibilité de poster sur twitter. Bref, un site moderne et au goût du jour qui présente une belle image du monde agricole à ses visiteurs urbains. On le sait Internet est désormais le 1er moyen de réserver ses vacances. Je vais d’ailleurs m’y pencher sérieusement en prévision des miennes !

Profils paysans

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La trilogie Profils Paysans

Je viens de finir la trilogie Profils paysans de Raymond Depardon et ce documentaire au long cours m’a marqué. Il permet de voir des visages de l’agriculture cévenole à travers le regard d’un grand photographe et cinéaste mais aussi un fils d’agriculteur.

Raymond Depardon connait bien son sujet et les personnalités qu’il nous dévoile, il les fréquente pour certaines depuis plus de vingt ans. Le documentaire s’étale d’ailleurs sur plus de dix ans. On suit les jeunes qui s’installent et les difficultées qu’ils rencontrent pour reprendre une ferme. Les vieux, qui ne décrochent de leur métier ou plutôt de leur « passion » qu’à la mort bien longtemps après l’âge de la retraite, sont plus touchant encore. Certains disparaissent en route, d’autres résistent mais leurs forces se réduisent et la mort plane toujours au dessus de ce film.

Un des profil paysan de Depardon

Dans ces contrées reculées de moyenne montagne, c’est l’élevage qui domine et les fermes que Depardon a choisi n’ont pas d’âge. Il y a beaucoup de séquences en intérieur. La cuisine, est presque toujours  le lieu de tournage. On ne laisse pas la caméra aller plus loin et c’est déjà beaucoup. « L’approche » le premier volet de la trilogie en est la preuve tangible, ces paysans là ne se laisse pas facilement amadouer par le cinéaste-photographe. Dans « le quotidien« , l’atmosphère se détend et les langues se délient. Le dernier film « Les temps modernes » est l’épilogue, la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère. Non, semble nous dire le cinéaste et ses paysans, cette paysannerie n’existera plus. Plus personne ne veux reprendre après les anciens. Les fils et les filles s’en vont. Ils ont du remord, comme Depardon en a, mais cette vie est trop dure.